Cet article relate les événements qui se sont déroulés lors du concert de Prince donné au club le New Morning, à Paris, dans la nuit du 14 au 15 juin 1987.
Ce concert, annoncé sous le nom de Madhouse, est donné à la suite du show donné au Palais Omnisports de Paris Bercy, plus tôt dans la même soirée.
Contexte []
Après avoir soufflé la tempête avec son concert unique au Zénith en 1986, flanqué d’un beforeshow la veille au New Morning, Prince revient en France tout juste dix mois plus tard pour quatre concerts à guichets fermés au Palais Omnisports de Paris-Bercy, dans le cadre de la tournée Sign O The Times.
Pour la première fois dans l’histoire des tournées de Prince, les aftershows sont organisés à l’avance dans certaines villes. Celui de Paris fut annoncé de manière détournée, par le saxophoniste Eric Leeds lors d’une interview dans le magazine Best préalable aux shows parisiens. Questionné sur le concert au New Morning de l’année précédente, il indique que l’expérience était fabuleuse et qu’il « ne serait pas étonnant que Madhouse vienne y jouer un soir » pendant que Prince sera à Paris. Les plus perspicaces auront décodé le message. Les plus chanceux ont même trouvé les places mises en vente à la FNAC sous le nom de Madhouse ! Les billets étaient vendus 160 Francs (soit environ 25 euros). En ce qui me concerne, âgé de 15 ans à peine, il était impossible que je participe à un concert de ce genre au milieu de la nuit. Et de toute manière le show de Bercy me comblait déjà totalement, je n’avais pas besoin d’en avoir plus. Je n’avais connaissance ni du lieu de l’évènement, ni de ses modalités.
Le show[]
L’after du New Morning a eu lieu après le deuxième concert donné à Bercy, c'est-à-dire dans la nuit du 14 au 15 juin 1987. Après minuit bien tassé, un soundcheck débuta et qui dura environ une heure et demie ! Les musiciens se mettent en place petit à petit. Il s’agit bien de la configuration Madhouse, à savoir Eric Leeds au saxophone, Dr Fink aux claviers, Levi Seacer Jr à la basse et Dale Alexander à la batterie. Ce line-up rend à lui seul le show intéressant, car on se retrouve sans Sheila E, ni Boni Boyer. En revanche le trompettiste Atlanta Bliss est venu prêter main forte pendant le show.
Le show proprement dit débute à plus de deux heures du matin par un set de Madhouse, dont le contenu n’est pas connu mais que l’on peut imaginer comme étant proche du set joué en première partie des "main shows", à savoir : Mutiny, One, Nine, Two, Three, Six, et Sixteen. Prince n’était pas présent sur scène pendant cette partie du show.
Prince n’apparait qu’environ une heure plus tard, pour une reprise du titre Red House de Jimi Hendrix, chanté cette fois sous le nom Purple House. Puis vient une reprise d’Instant Funk, I Got My Mind Made Up (You Can Get It Girl). Un long instrumental, introduit par la note de départ (« B Flat », c'est-à-dire Si bémol) se constitue en une improvisation ponctuée de paroles tirées du titre Holly Rock de Sheila E. Vient alors ce qui deviendra un classique dans les aftershows de cette époque, le titre Just My Imagination (Running Away With Me) des Temptations, qui sera l’occasion d’un long solo de guitare. Prince dévoile ensuite un nouveau titre intitulé What Did I Do ? souvent présenté sur les éditions pirates avec le titre Wasn’t My Faith ; le titre n’a jamais été joué par ailleurs, et on peut considérer qu’il s’agissait juste d’une improvisation un peu travaillée. Le clou du spectacle sera un long jam semi-improvisé de plus de 26 minutes, débutant par Mutiny, puis évoluant sur Get Up (I Feel Like Being A) Sex Machine de James Brown, et reprenant des éléments de It's Gonna Be A Beautiful Night, lui-même intégrant des bouts de Cold Sweat (James Brown, encore) et de Six de Madhouse.
Héritage[]
La seconde prestation de Prince au New Morning a fait l’objet de nombreuses éditions en bootleg, et l’enregistrement est de bonne qualité. Il fait partie des premiers pirates qui ont commencé à circuler avec le Black Album, le Small Club (un after de la tournée Lovesexy donné en Hollande le 18 août 1988 et enregistré en soundboard), et les titres inédits de Dream Factory / Crystal Ball. Cela lui a donné une grande notoriété parmi les fans, très tôt dans l’histoire des pirates. Il est aussi vrai que le show est particulier, avec un line-up spécifique et cet incroyable jam autour de Sex Machine. Les chanceux qui ont pu assister au spectacle ont eu le sentiment d’avoir vu un évènement exceptionnel. Tout est donc réuni pour que cet aftershow devienne mythique... en attendant un jour, qui sait, d’en découvrir une sortie officielle.